Je lis et j’entends partout à propos de la nécessité pour l’industrie événementielle de se “réinventer” après la crise du COVID-19, d’imaginer de nouveaux moyens de réunir les gens, de célébrer, de créer des événements dont on parle.
Je ne crois pas aux idées miraculeuses qui seraient la solution tant espérée aux difficultés actuelles dues aux nouvelles contraintes de distanciation sociale et de santé publique. Même si je l’appelle de tous mes vœux, je ne crois pas non plus à un “monde d’après” qui nettoierait soudainement les travers du « monde d’avant » et nous ferait vivre mieux le rythme effréné, voire la fuite en avant, du monde d’avant le COVID-19.
Ce virus, comme tous les autres auparavant, est là pour rester. Il est donc mieux de l’accepter et de s’y habituer. Bien entendu, des vaccins seront développés, des moyens de protection seront mis en en œuvre, et nous allons progressivement changer certaines de nos habitudes. Mais fondamentalement nous sommes humains et donc sociaux. Nous avons besoin de vivre en groupes, de nous rencontrer, de socialiser, d’échanger et pas seulement virtuellement, c’est ainsi et depuis la nuit des temps.
Les limites du virtuel
Je pense aussi que l’un des points essentiels de cette crise mondiale que nous vivons participe social enfin à la prise de conscience des limites des réseaux sociaux et du « merveilleux » monde virtuel que nous ont promis les « GAFAM » (Google/Amazon/Facebook/Microsoft), qui d’ailleurs sortent grands gagnants de cette crise.
Oui leurs technologies sont des outils fantastiques, mais ce ne sont que des outils et pas un monde dans lequel nos sociétés ont aimé se laisser enfermer. Le confinement aura au moins eu ce point positif de nous rappeler à notre condition d’être social et combien il est important pour nous humains de nous rencontrer, de nous parler, de nous toucher, de nous sentir.
C’est indéniablement l’une des nombreuses raisons pour lesquelles les industries événementielle et du divertissement sont si essentielles, le besoin de se réunir, de découvrir et de célébrer ensemble. Contrairement aux prophètes technologiques je ne crois donc pas au tout virtuel. Si ces technologies sont par ailleurs géniales et rendent d’immenses services quant à la communication, elles n’offrent finalement que des « clics » et de la fonctionnalité, et c’est très bien. Mais où est le sens de « ré-Unir », où est l’émotion !
Donc, événements virtuels? ce sont des événements, vraiment?
C’est justement pour cela que je ne crois pas à la notion « d’événement virtuel » ! Il n’y a aujourd’hui rien d’émotionnel à regarder des dizaines de visages de la taille de timbres postes sur un écran d’ordinateur ou à assister un lancement de produit sur Youtube, ce ne peut-être un événement, tout au plus une vidéo unique, spectaculaire, mais pas un événement. L’émotion à besoin d’un public célébrant cote-à-côte, partageant ensemble.
Alors pourquoi “re-inventer”?
Tant d’outils, d’idées, de possibilités, de créativité sont déjà là, à notre disposition… En quoi espérons-nous réinventer ce qui a lentement évolué depuis des millénaires. À y regarder de plus près, les événements ont assez peu changé à travers le temps, on constate que finalement, dans la forme et dans le fond, les foires commerciales et les marchés existent depuis toujours comme les dîners de galas, les célébrations locales et nationales, les festivals, les mariages, les soirées de réseautage, les spectacles, etc. Tous nos événements existent depuis la nuit des temps…
Bien sûr, ils se sont adaptés ou plutôt ils ont intégré ce que leur imposait leur époque, l’invention de la poudre a offert les feux d’artifices ; le savoir-faire de la marine à fait évoluer les techniques de scène et les effets spéciaux. Aujourd’hui la technologie ouvre de nouvelles possibilités avec la vidéo, le mapping, les drones, les projections holographiques (dont le principe est connu et utilisé depuis des siècles), mais depuis toujours, tout cela est fait pour être « joué » pour un public.
On parle de “re-inventer” ne devrait-on pas dire “adapter”?
Il va désormais et pour un moment falloir être vigilent, imaginatif et pointu et c’est à cette conditions que les plus professionnels pourront redémarrer plus vite et prendre le leadership en proposant des événements « Covid-Safe » à leurs clients.
Encore une fois je ne crois ni à la mort des événements de masse pas plus qu’à la virtualisation des événements corporatifs. Je pense plutôt que l’industrie du divertissement et de l’événement va temporairement s’adapter en attendant des jours meilleurs pour finalement retrouver certains de ses travers d’avant la crise.
Le future de l’événementiel, moins, plus petits et plus créatif
Celà passera par moins d’événements de masse et de « grand-messes », mais plus d’événements à plus petite échelle, plus facilement contrôlable et stratégiquement planifié et conçus par rapport à un objectif précis. Pour un temps, le challenge va être l’intégration des contraintes de sécurité sanitaire et la distanciation sociale à priori pas très compatible avec la notion de public.
Mais c’est justement là qu’il va falloir faire preuve d’inventivité pour en rendre ces contraintes acceptables voire ludiques et imaginer des concepts ou la distanciation devient une expérience intégrée.
Par exemple, imaginer des visite alternées; remplacer un dîner de gala par une exposition déambulatoire ; changer un Show de lancement de produits en une exposition itinérante ; un Fashion Show dont les modèles resteraient à leurs positions pendant que le public «défilerait» le show ; des foires-expos avec sens de visite réaménagé ; les idées ne manquent pas mais doivent pouvoir être promues et acceptés par tous les acteurs concernées.
Une belle opportunité, si nous faisons tous notre part !
L’après « Covid-19 » est une magnifique opportunité non de réinventer, mais d’ouvrir les esprits et d’accepter de sortir des zones de confort, de changer, voire de casser les codes et ce, tant des professionnels que des clients :
- Pour les Professionnels de développer leur créativité vers des concepts originaux et responsables pour les intérêts du client
- Pour les Clients d’accepter de sortir des habitudes et des standards, d’ouvrir les esprits à la nouveauté et surtout de faire confiance à la créativité des professionnels
En Conclusion
Il me semble inutile voire prétentieux d’ambitionner révolutionner l’industrie événementielle.Si celà était possible ce serait déjà fait. Je pense bien plus profitable de travailler à des propositions simples mais efficaces de protection des publics en les intégrants dans des concepts novateurs quitte à bousculer les habitudes.
Nous avons déjà tout ce qu’il faut à condition de garder les yeux grands ouverts et enfin oser des idées, des produits et des services auxquels vous n’auriez pas osé pensez il y a quelques semaines
C’est à ces conditions que nous pourrons rassurer tant les publics que les autorités pour pouvoir redémarrer et même espérer alors un vrai changement en profondeur.
Thierry Tombelle
tt@creativ-intl.com
Entrepreneur | Creative guide | Coach